COMPRENDRE LA FINANCE VERTE
Créé en 2007,le marché de « Green bonds » a franchi la barre des mille milliards de dollars d’émissions d’obligations verte cumulées en décembre 2020. Un chiffre qui témoigne la place qu’occupe la finance verte aussi bien dans la transition vers une économie moins carbonée, que dans la réorientation de la stratégie environnementale des acteurs économiques.
Connue également sous l’appellation « finance responsable », la finance verte englobe des opérations qui visent à favoriser la Transition Énergétique et Écologique (TEE), à lutter contre le réchauffement climatique et à prévenir les dommages environnementaux issus des activités économiques. Il s’agit d’initiative, de produit ou service financier ou réglementation financière et fiscale destinés à la protection de l’environnement.
Du concept « finance responsable » découle « l’investissement responsable » (IR), qui prend en compte, non seulement les critères financiers traditionnels, mais également des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Si la finance dite « traditionnelle » utilise l’épargne pour des projets rentables, la finance responsable, quant à elle, privilégie davantage les projets orientés vers les aspects environnementaux des investissements. Principalement, le but de la finance verte reste la réduction de l’impact des changements climatiques et les chamboulements environnementaux sur les marchés financiers.
Dans cette optique, la finance verte utilise les outils existants afin de booster la transition énergétique et attirer des projets écologiques, la répartition des capitaux vers des objectifs de réduction du carbone.
Obligations vertes – Green bonds
Les « Green bonds » sont le principal outil de la finance responsable, basé sur l’emprunt émis sur le marché par une entreprise ou une entité publique auprès d’ « investisseurs responsables », dans le but de financer les initiatives spécifiquement liées à l’environnement. En outre, ces investisseurs peuvent sélectionner des entreprises sur la base de critères environnementaux par le biais des fonds verts. Ces fonds permettent généralement de développer les énergies renouvelables, de financer des infrastructures liées à la préservation de l’environnement, et de bien d’autres investissements.
Ainsi, le green bond est caractérisé par l’utilisation des fonds levés dans le but d’accomplir des projets d’investissement favorables à la TEE, sous réserve que l’émetteur s’assure de l’affectation des fonds vers des projets verts.
Pour consolider cet outil, il s’avère indispensable de pouvoir attester la qualité permettant d’affirmer, que les investissements ont bien été utilisés pour financer des activités contribuant à la transition environnementale.
Il a été constaté que les acteurs publics et privés ont manifesté beaucoup d’intérêts croissants aux opportunités nées de la finance verte. C’est ainsi que des Etats, des entreprises, des investisseurs institutionnels, diverses organisations multilatérales ou supranationales, des banques et bien d’autres entités, regroupés dans quatre catégories, sont de plus en plus attirés par la finance responsable. Ces catégories sont : (i) les émetteurs ; (ii) les sourceurs ; (iii) les gestionnaires d’actifs et ; (iv) la société civile.
i. Les Etats, les entités et organisations publiques, ainsi que les banques, jouent le rôle d’émetteurs, en distribuant des titres financiers verts ;
ii. Les sourceurs sont les Etats, les régulateurs et autorités de tutelle, qui évaluent et réglementent les expositions et les impacts des labels imposés et obligations proposées ;
iii. Quant aux gestionnaires d’actifs, il s’agit d’investisseurs publics ou privés, entreprises, banques et autres établissements financiers, dont le rôle est d’acheter les titres financiers. Ils se distinguent par leur pouvoir de décision sur l’orientation du financement de projets de finance verte. Il leur incombe de mener des actions dans le sens de la préservation de l’environnement ;
iv. La société civile est composée des organisations non gouvernementales (ONG), dont le rôle essentiel est de produire des études d’impact, lui permettant de mettre la pression sur les acteurs économiques et les décideurs politiques, dans le but de les obliger à réévaluer les critères environnementaux.
Indicateurs de la finance verte
Des indicateurs ont été élaborés et mis en place, afin de mesurer les impacts environnementaux des projets financés. Il s’agit de « l’empreinte carbone » pour évaluer l’impact climat à travers le flux de gaz à effet de serre – GES – émis sur une année par l’activité de finance responsable. Ce flux de GES est ensuite rapporté au financement apporté en capital ou en dette.
Comme indicateur également mis en place, il y a la « part verte », qui constitue la part d’un placement correspondant à des activités vertes ou sens de la TEE. Il y a également l’indicateur dit «alignement 2°C », une méthodologie qui sert à définir la trajectoire de réduction nécessaire pour ne pas dépasser la limite des 2°C.
D’autres indicateurs sont mis en place pour pallier aux lacunes des indicateurs précédents, à savoir l’ « empreinte écologique » et la « Net Environmental Contribution » ou NEC. Le premier étant un outil de mesure de finance verte utilisé par les Etats, permettant de comparer la charge que fait peser une population donnée sur la planète ; tandis que la NEC, une mesure innovatrice de l’alignement stratégique d’une activité économique avec la TEE.
Programme SUNREF Madagascar
Des programmes de finance responsable existent bel et bien dans la Grande-Île, à l’instar de SUNREF Madagascar. Ces programmes visent notamment à promouvoir des projets et investissements du secteur privé à travers la mise en commun d’offres technique et financière incitatives et adaptées à la réalité du pays.
Pour le cas de SUNREF Madagascar plus particulièrement, les investissements en Energies Renouvelables (EnR) et en Efficacité Energétique (EE) sont sur la liste des priorités du programme, bien qu’il intervienne également dans d’autres classes d’investissement éco-responsable, telles que la dépollution, le recyclage, la gestion durable des ressources, la gestion des déchets, le tourisme durable … L’objectif principal étant de contribuer aux efforts d’atténuation du changement climatique.
Le programme SUNREF ambitionne, par ailleurs, d’accroître le marché des investissements verts à Madagascar en encourageant les acteurs économiques à investir davantage dans des projets orientés vers la préservation de l’environnement et en contribuant à l’émergence d’offres de services techniques et financiers adéquats, ainsi qu’en contribuant à la constitution pérenne d’offres de financement bancaire adaptées aux investissements verts, mettant en place une mise à niveau technique, financière et commerciale sur ces problématiques auprès des banques locales. Les prémices du mécanisme de cette mise à niveau sont de permettre à ces banques de constituer des portefeuilles pilotes à travers le programme.
En outre, le programme s’est fixé comme objectif de favoriser la compétitivité et la capacité de création d’emplois des entreprises du pays à travers des séances de sensibilisation aux bénéfices des investissements en EE et à l’accès renforcé à des sources d’énergie moins polluantes en CO2. Le but étant de réduire l’empreinte environnementale et climatique des acteurs économiques.